LE SPLEEN DE CASABLANCA

(Copyright © 2004)

Je tire les rideaux
pour pouvoir fumer à ma guise
Je tire les rideaux
pour boire un verre
à la santé d’Abou Nouwas
Je tire les rideaux
pour lire le dernier livre de Rushdie
Bientôt, qui sait
il faudra que je descende à la cave
et que je m’enferme à double tour
pour pouvoir
penser
à ma guise

 

Les gardiens sont partout
Ils règnent sur les poubelles
les garages
les boîtes aux lettres
Les gardiens sont partout
dans les bouteilles vides
sous la langue
derrière les miroirs
Les gardiens sont partout
entre la chair et l’ongle
les narines et la rose
l’œil et le regard
Les gardiens sont partout
dans la poussière qu’on avale
et le morceau qu’on recrache
Les gardiens croissent et se multiplient
A ce rythme
arrivera le jour
où nous deviendrons tous
un peuple de gardiens

 

(À la mémoire de Brahim Bouarram, jeune Marocain qui fut poussé et noyé dans la Seine, à Paris, le 1er mai 1995, par une bande de skinheads qui venait de se détacher d’une manifestation du Front national.)

Mère
ma superbe
mon imprudente
Toi qui t’apprêtes à me mettre au monde
De grâce
ne me donne pas de nom
car les tueurs sont à l’affût

Mère
fais que ma peau
soit d’une couleur neutre
Les tueurs sont à l’affût

Mère
ne parle pas devant moi
Je risque d’apprendre ta langue
et les tueurs sont à l’affût

Mère
cache-toi quand tu pries
laisse-moi à l’écart de ta foi
Les tueurs sont à l’affût

Mère
libre à toi d’être pauvre
mais ne me jette pas dans la rue
Les tueurs sont à l’affût

Ah mère
si tu pouvais t’abstenir
attendre des jours meilleurs
pour me mettre au monde
Qui sait
Mon premier cri
ferait ma joie et la tienne
Je bondirais alors dans la lumière
comme une offrande de la vie à la vie

(Éditions de la Différence, 1996)

L’ÉTREINTE DU MONDE

(Copyright © 2004)

La langue de ma mère

Je n’ai pas vu ma mère depuis vingt ans
Elle s’est laissée mourir de faim
On raconte qu’elle enlevait chaque matin
son foulard de tête
et frappait sept fois le sol
en maudissant le ciel et le Tyran
J’étais dans la caverne
là où le forçat lit dans les ombres
et peint sur les parois le bestiaire de l’avenir
Je n’ai pas vu ma mère depuis vingt ans
Elle m’a laissé un service à café chinois
dont les tasses se cassent une à une
sans que je les regrette tant elles sont laides
Mais je n’en aime que plus le café
Aujourd’hui, quand je suis seul
j’emprunte la voix de ma mère
ou plutôt c’est elle qui parle dans ma bouche
avec ses jurons, ses grossièretés et ses imprécations
le chapelet introuvable de ses diminutifs
toute l’espèce menacée de ses mots
Je n’ai pas vu ma mère depuis vingt ans
mais je suis le dernier homme
à parler encore sa langue

Deux heures de train

En deux heures de train
je repasse le film de ma vie
Deux minutes par année en moyenne
Une demi-heure pour l’enfance
une autre pour la prison
L’amour, les livres, l’errance
se partagent le reste
La main de ma compagne
fond peu à peu dans la mienne
et sa tête sur mon épaule
est aussi légère qu’une colombe
A notre arrivée
j’aurai la cinquantaine
et il me restera à vivre
une heure environ

Abrégé d’éternité

Sur le radeau, j’allumerai un cierge
et j’inventerai ma prière
Je laisserai à la vague inspirée
le soin d’ériger son temple
Je revêtirai de ma cape
le premier poisson
qui viendra se frotter à mes rames
J’irai ainsi par nuit et par mer
sans vivres ni mouettes
avec un bout de cierge
et un brin de prière
J’irai ainsi
avec mon visage d’illuminé
et je me dirai
ô moitié d’homme, réjouis-toi
tu vivras si tu ne l’as déjà vécu
un abrégé d’éternité

(Éditions de la Différence, 1993)

LE SOLEIL SE MEURT

(Copyright © 2004)

Qui parle
de refaire le monde ?
On voudrait simplement
le supporter
avec une brindille
de dignité
au coin des lèvres

L’époque est banale
moins étonnante que le tarif d’une prostituée
Les satrapes s’amusent beaucoup
au jeu de la vérité
Les déshérités se convertissent en masse
à la religion du Loto
Les amants se séparent
pour un kilo de bananes
Le café n’est ni plus ni moins amer
L’eau reste sur l’estomac
La sécheresse frappe les plus affamés
Les séismes se plaisent à compliquer
la tâche des sauveteurs
La musique se refroidit
Le sexe guide le monde
Seuls les chiens continuent à rêver
tout au long des après-midi et des nuits

Il y aura une grande attente
avant la dite résurrection
Et le fils de l’homme
rendu à l’illusion
s’écriera : Qu’ai-je ?
Et les anges
peseurs du bien et du mal
s’écrieront : Qu’a-t-il ?
Et le ciel restera muet
comme au temps de la grande attente

Il y aura ce grand feu de veille
qui éloigne les fauves
et rassemble ceux
qui vont découvrir l’outil
Et le griot aux paroles qui blessent
se lèvera et frappera sept coups
au gong en bois de la mémoire
Et l’homme qui va faire fondre le métal
bondira et crachera au visage du griot
Et la femme aux sept maris reconnus
jettera au feu l’enfant disputé

(Éditions de la Différence, 1992)

TOUS LES DÉCHIREMENTS

Cette lumière
n’est pas à décrire
elle se boit
ou se mange

Le jaune attend le bleu
qui s’attarde avec le vert
le blanc sourit
à cette scène ordinaire
du dépit amoureux

Habiter son corps
n’est pas aisé
c’est une maison hantée
un champ de mines
Il faudrait pouvoir le louer
juste pour des vacances

Habiter son corps
n’est pas aisé
c’est une maison hantée
un champ de mines
Il faudrait pouvoir le louer
juste pour des vacances

La rosée
ce n’est que de l’eau
mais c’est une eau amoureuse

Je ne le nie pas
l’écriture est un luxe
mais c’est le seul luxe
où l’homme
n’exploite que lui-même

Le prophète détruit les idoles
le tyran
édifie des statues

J’ouvre la fenêtre
de mon jardin secret
Les prédateurs ont tout saccagé
ils ont emporté
jusqu’au secret de mon jardin

Souvent
je me sens diminué
fautif quelque part
quand on vient me féliciter

Je n’attends rien de la vie
je vais
à sa rencontre

(Éditions de la Différence, 2006)

L’ÉCORCHÉ VIF

Le poète arabe
se met devant sa table rase
s’apprête à rédiger son testament
mais il découvre qu’il a perdu
l’usage de l’écriture
Il a oublié ses propres poèmes
et les poèmes de ses ancêtres
Il veut crier de rage
mais se rend compte
qu’il a perdu l’usage de la parole
De guerre lasse
il s’apprête à se lever
mais il sent qu’il a perdu
l’usage de ses membres
La mort l’a précédé
là où il devait abdiquer
devant la vie

DISCOURS SUR LA COLLINE ARABE

Le tortionnaire s’est réveillé
Près de lui
sa femme dort encore
Il se glisse furtivement hors du lit
revêt sa tenue de jungle
et sort
Sur le chemin du réduit
où l’attendent ses instruments
et ses victimes du jour
il pense aux choses ordinaires de la vie
les prix qui grimpent
la maison qui sera trop exiguë
quand viendra le cinquième enfant
les pluies qui tardent de nouveau cette année
le dénouement du dernier feuilleton qui passe à la télé
Il pointe au bureau des entrées
se dirige vers le réduit
ouvre la porte
Les corps sont recroquevillés dans la pénombre
toussotements
puanteur
Lève-toi fils de pute !
crie-t-il
en lançant une ruade
au plexus du premier prévenu
que son pied rencontre

SOUS LE BÂILLON LE POÈME

À mon fils Yacine

Mon fils aimé
j’ai reçu ta lettre
Tu me parles déjà comme une grande personne
tu insistes sur tes efforts à l’école
et je sens ta passion de comprendre
de chasser l’obscurité, la laideur
de pénétrer les secrets du grand livre de la vie
Tu es sûr de toi-même
et sans le faire exprès
tu me comptes tes richesses
tu me rassures sur ta force
comme si tu disais : « Ne t’en fais pas pour moi
regarde-moi marcher
regarde où vont mes pas
l’horizon, l’immense horizon là-bas
il n’a pas de secrets pour moi »
Et je t’imagine
ton beau front bien haut
et bien droit
j’imagine ta grande fierté

Mon fils aimé
j’ai reçu ta lettre
Tu me dis :
« Je pense à toi
et je te donne ma vie »
sans soupçonner
ce que tu me fais en disant cela
mon cœur fou
ma tête dans les étoiles
et par ce mot de toi
je n’ai plus peine à croire
que la grande Fête arrivera
celle où des enfants comme toi
devenus hommes
marcheront à pas de géant
loin de la misère des bidonvilles
loin de la faim, de l’ignorance et des tristesses

Mon fils aimé
j’ai reçu ta lettre
Tu as écrit toi-même l’adresse
tu l’as écrite avec assurance
tu t’es dit, si je mets ça
papa recevra ma lettre
et j’aurai peut-être une réponse
et tu as commencé à imaginer la prison
une grande maison où les gens sont enfermés
combien et pourquoi ?
mais alors ils ne peuvent pas voir la mer
la forêt
ils ne peuvent pas travailler
pour que leurs enfants puissent avoir à manger
Tu imagines quelque chose de méchant
de pas beau
quelque chose qui n’a pas de sens
et qui fait qu’on devient triste
ou très en colère
Tu penses encore
ceux qui ont fait les prisons
sont certainement fous
et tant et tant d’autres choses
Oui mon fils aimé
c’est comme ça qu’on commence à réfléchir
à comprendre les hommes
à aimer la vie
à détester les tyrans
et c’est comme ça
que je t’aime
que j’aime penser à toi
du fond de ma prison

Quatre ans

Cela fera bientôt quatre ans
on m’arracha à toi
à mes camarades
à mon peuple
on me ligota
bâillonna
banda les yeux
on interdit mes poèmes
mon nom
on m’exila dans un îlot
de béton et de rouille
on apposa un numéro
sur le dos de mon absence
on m’interdit
les livres que j’aime
les nouvelles
la musique
et pour te voir
un quart d’heure par semaine
à travers deux grilles séparées par un couloir
ils étaient encore là
buvant le sang de nos paroles
un chronomètre
à la place du cerveau

 

C’est encore loin le temps des cerises
et des mains chargées d’offrandes immédiates
le ciel ouvert au matin frais des libertés
la joie de dire
et la tristesse heureuse

C’est encore loin le temps des cerises
et des cités émerveillées de silence
à l’aurore fragile de nos amours
la fringale des rencontres
les rêves fous devenus tâches quotidiennes

C’est encore loin le temps des cerises
mais je le sens déjà
qui palpite et lève
tout chaud en germe
dans ma passion du futur

LE RÈGNE DE BARBARIE

(Copyright © 2004)

à bout portant et profane l’Inviolé Chante Oum Kalthoum en pleine cybernétique Chante le Nil Les barrages spectaculaires Tes pyramides et les nôtres Les cœurs de siècles descendants L’amour fou Suspendues quaternaires Ne crains pas d’accumuler les clichés Ma gazelle aux niagaras de parfums L’oubli semant son chapelet de romances Les traces du campement et la monture L’œil monte Eclate en regards de tarentules vitreuses Abîmes tailladés en robinets de miel En tuyaux de lait sacramentel Chante un peu si ce n’est pour l’ordre funèbre ce sera pour le cortège Chante que j’écrive le Livre des morts Le testament oral des races soumises Que je désemmièvre la malédiction qui nous a frappés au sommet de la greffe Que j’ordonne à la Création une déroute exemplaire Que j’insolence la misère touffue des jungles intérieures Chante ta voix nous pourfend et nous fait rire au summum de la jouissance

« les peuples se sont arrêtés pour attester comment dans mon unicité j’édifie les bases de la gloire »

Chante le Croissant aride Chante le mur des lamentations moi je côtoie le mur de la honte Chante étoile déterreuse d’Orient tombé en panne Chante un peu que je te donne mes yeux Ton amour fétiche à l’orteil agile de l’Afrique violée en cérémonies cycliques Chante l’impossible du bras appréhendant l’outil L’impossible de la main appréhendant le corps L’impossible orgueil de ta race défaite

Cri du rossignol des poètes imbéciles Cri de la rage clignotante d’aérolithes sarclés Cri de la tripe à l’orée des abattoirs Cri du gâchis séculaire intimant l’Arrêt
cri des concentrations boulimie de l’argent
cri des trésors miraculés suspendus aux sorciers
cri charlatanerie docte à la suite du pouvoir
cri salué des flancs du génocide
cri médiéval lumière des époques obscures
cri je patine sur les rails du chaos
cri le vent s’arrêtera changé criquets à la gesticulation
cri tassé à la lie de la mémoire devenue organe
cri de Continent le tam-tam nous couvre des voix
cri gosier tu ne contiens que la plus dérisoire de mes détonations
cri je suis plus qu’homme quelque chose quelqu’un en tragique expansion
cri coulée mienne incandescente
cri je noierai cette planète d’une poésie asphyxiante
marteau-piqueur gaz bruts que je réserve
cri je sais parler mais pas aux puissants
cri o b j e c t e u r
cri la trahison de l’ami du déporte-parole
cri les dégueulades tournées du marasme
cri la bile renvoyée en quadrilatères hissés
cri prostitution du musicien singe à se tordre
cri la morgue philosophale criticaillante
nous enterrant en notre nom vivants
cri qu’on foute la paix aux salauds que nous sommes
cri Assez

impudique chanteuse Vieille hétaïre Nous scalpant dans le sang fébrile Nous embobinant Nous lâchant fétu et paille à la fraternité du délire sensitif D’un lyrisme que nous pétons mutations de toutes facultés Nous tapant sur les cuisses et les dos mutuels Ronronnant l’imbécile refrain de la fraternité d’exclusion Chante Oum Kalthoum ta voix nous pourfend et nous fait rire au summum de la jouissance

fossile carnivore Sœur du mammouth surpris Mais incalculable
f o r c e

Maroc, le pouvoir rattrapé par ses démons – Appel

Une année vient de s’écouler depuis le déclenchement dans le nord du Maroc du plus grand mouvement de contestation citoyenne que le pays ait connu depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 du roi Mohammed VI, suite au décès de son père Hassan II. Il dépasse en ampleur la mobilisation que le pays avait connue en 2011 lors du « printemps arabe », car il a fait sortir dans les rues hommes et femmes, toutes les classes d’âge, toutes les couches de la population. En outre, il s’est installé dans la durée et il a bénéficié dans l’ensemble du pays de multiples manifestations de soutien en sa faveur.

Le foyer de ce mouvement, appelé Hirak par ses initiateurs, est la région du Rif, dont le nom est entré dans l’histoire au début du siècle dernier grâce au combat qu’une fédération de ses tribus dirigée par Abdelkrim al-Khattabi avait mené contre l’armée espagnole d’occupation. Cette dernière a été défaite, et la région libérée en grande partie en 1921. Il aura fallu, quelques années après, l’intervention de centaines de milliers de soldats français commandés par le maréchal Pétain et prêtant main forte à l’armée espagnole, des bombardements massifs au gaz moutarde, pour venir à bout de cette révolte, inaugurale dans l’histoire de la lutte des peuples contre la domination coloniale.

Plus tard, juste au lendemain de l’indépendance, la population du Rif, désormais réputée pour son esprit frondeur, a été victime d’une répression sanglante de la part du régime dirigée par le général de triste mémoire, Oufkir, avec la participation directe de celui qui n’était encore que prince héritier, le futur roi Hassan II. Un décret royal (qui n’a d’ailleurs jamais été abrogé) avait été alors émis considérant le Rif comme une « zone militaire ».

L’autre facteur à prendre en considération lorsqu’il est question du Rif tient à l’attachement de ses populations à leur langue et leur culture amazighes marginalisées, voire niées pendant des décennies par le pouvoir central et même par une bonne partie de la classe politique. C’est ainsi qu’au cours du temps un sentiment profond d’injustice mais aussi de réelle fierté s’est ancré dans la conscience des Rifains.

C’est ce sentiment, ajouté aux frustrations partagées avec l’ensemble du peuple marocain, qui va éclater au grand jour suite à un événement atroce survenu le 28 octobre 2016 à Al-Hoceima, chef lieu de la région : la mort du marchand de poissons Mouhcine Fikri, broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de sauver sa marchandise confisquée, « jugée impropre à la consommation », et ce en présence des agents d’autorité qui avaient ordonné ladite confiscation. Dès la diffusion de la nouvelle, l’indignation a été immense. Avec Al-Hoceima pour épicentre, un mouvement de protestation d’une puissance inédite va gagner toute la région et, au-delà, d’innombrables villes du Royaume.

Contrairement à la manœuvre savamment politique que le pouvoir avait orchestrée suite aux grandes manifestations qui ont eu lieu en 2011 lors du printemps arabe, en proposant au pays une nouvelle Constitution satisfaisant sur le papier et en partie quelques-unes des revendications du mouvement protestataire, cette fois-ci la réponse a été exclusivement sécuritaire, et d’une violence inégalée depuis l’instauration du nouveau règne.

Loin de briser le Hirak, la répression n’a fait que l’amplifier et l’amener à se transformer tout en gardant son credo pacifiste. Le mouvement spontané du départ gagnera en organisation. C’est ainsi qu’il va créer les conditions d’une réflexion et d’un vaste débat démocratique citoyen qui débouchera sur l’élaboration d’une charte et d’un cahier de revendications dont la lecture révèle une grande maturité politique, une conscience aiguë des problèmes auxquels la région est confrontée depuis des décennies. Les propositions formulées sont porteuses d’un projet social, économique, culturel et environnemental crédible et réalisable.

Déstabilisé par un mouvement aux méthodes de lutte inédites, ayant perdu selon toute évidence sa capacité de manœuvre habituelle, le pouvoir a été rattrapé par ses vieux démons, ceux qui avaient servi à martyriser le peuple marocain et ses forces vives sous le règne précédent. La répression qui s’est abattue sur les protestataires du Rif, les militants des associations des droits humains, les journalistes qui ont essayé d’informer l’opinion sur la réalité des faits, a eu recours aux mêmes méthodes qui avaient fait leurs preuves mutilantes dans le passé : usage systématique de la violence contre les manifestants, arrestations arbitraires, enlèvements, usage de la torture (avéré et confirmé dans plusieurs cas), menaces de viol, condamnation à de lourdes peines de prison y compris pour des mineurs, violation des droits de la défense, emprisonnement de prévenus et de condamnés dans des établissements pénitentiaires très éloignés de leur lieu de résidence, etc.

Signalons toutefois une touche d’innovation à l’ère du numérique : l’orchestration, via les médias officiels et un nombre grandissant de supports officieux, journaux traditionnels ou en ligne, d’une propagande cherchant à minimiser et à justifier ladite répression, agitant insidieusement les spectres de la confrontation ethnique et du séparatisme, essayant de salir la réputation de certaines figures de proue du mouvement ou de certains journalistes.

Un an s’est écoulé depuis le déclenchement du Hirak du Rif et la mobilisation n’a pas baissé d’un cran. La répression non plus. Que doit-on en conclure ? Force est de constater que le combat pour la démocratie au Maroc est plus que jamais à l’ordre du jour. Le mouvement du Rif en est une éclatante démonstration. Avec lui, on peut dire que ce combat a mûri, a gagné en profondeur et en précision de tir. A l’opposé, le constat est plus qu’amer. Les quelques avancées en matière de libertés et de droits qui ont été arrachées de haute lutte au sortir des décennies les plus noires dans l’histoire du Maroc indépendant sont en train d’être remises en cause par un pouvoir qui se targue d’être exemplaire quant au respect des droits humains.

Nous, signataires de cet appel, estimons que le moment est venu d’une mobilisation de tous les démocrates qui ont « le Maroc au cœur » pour dénoncer la dérive sécuritaire des autorités marocaines et la répression qui n’a cessé de s’abattre sur les protestataires du Rif. Pour soutenir la lutte exemplaire du Hirak et donner le plus large écho à ses justes revendications. Pour exiger la libération de tous les détenus de ce mouvement citoyen qui a ouvert au peuple marocain une nouvelle voie dans son combat pour la dignité, la justice sociale et la démocratie.

Premiers signataires :

  • Abdellatif Laâbi, écrivain (Maroc)
  • Gilles Perrault, écrivain (France)
  • Gilles Manceron, historien (France)
  • Fatiha Saidi, Sénatrice honoraire et adjointe au Maire (Belgique)
  • Larbi Maâninou, enseignant, militant des droits de l’Homme (France)
  • Khadija Ryadi, prix des droits de l’Homme de l’ONU, ex-présidente de l’AMDH, coordinatrice de la CMODH (Maroc)
  • René Gallissot, historien (France)
  • Nadia Essalmi, éditrice (Maroc)
  • Mohamed el-Moubaraki, militant associatif (France)
  • Samia Ammour, féministe internationaliste (Algérie)
  • Mouhieddine Cherbib, militant des droits de l’Homme (France)
  • Abdelhamid Amine, ex-président de l’AMDH, responsable syndical UMT (Maroc)
  • Maurice Buttin, avocat honoraire à la Cour, avocat de la famille Ben Barka (France)
  • Ignace Dalle, journaliste et écrivain (France)
  • Marie-Christine Vergiat, eurodéputée du groupe Gauche Unitaire Européenne (France)
  • Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales du Parti Communiste Français PCF (France)
  • Pierre Boutry, responsable Afrique du Parti de Gauche (France)
  • Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) (France)
  • Hamid Majdi, militant des droits de l’Homme (Maroc)
  • Saddik Lahrach, militant associatif (Maroc)
  • Mohammed Berrada, écrivain (Maroc)
  • Soufiane Sbiti, journaliste (France)
  • Younes Benkirane, auteur (France)
  • Hind Arroub, politologue et activiste (USA)
  • Bachir Ben Barka, président de l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire vivante (France)
  • Raymond Benhaim, économiste, consultant (France)
  • Bernard Dreano, co-président du CEDETIM (France)
  • Said Fawzi, président de l’ASDHOM (France)
  • Abdelhadi Saïd, poète et écrivain (Maroc)
  • Abderrahim Jamai, avocat, ancien bâtonnier et président de l’association des barreaux du Maroc (Maroc)
  • Bernard Ravenel, historien, président d’honneur de l’AFPS (France)
  • Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, professeur émérite à l’université Paris Diderot (France)
  • Georges Yoram Federmann, psychiatre-gymnopédiste (France)
  • François Salvaing, écrivain (France)
  • Latifa El Bouhsini, universitaire, féministe et acteure de la société civile (Maroc)
  • Zakaria Belhachmi, universitaire (France)
  • Rachid Filali Meknassi, universitaire (France)
  • Hocine Tandjaoui, écrivain (France)
  • Jacques Alexandra, écrivain, critique littéraire (France)
  • Saddie Choua, artiste visuel (Belgique)
  • Abdallah Zniber, militant associatif et des droits de l’Homme (France)
  • Claire Panzani, historienne (France)
  • Mohammed Belmaïzi, défenseur des droits humains (Belgique)
  • Abderrahman Nouda, écrivain (Maroc)
  • Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains (Maroc)
  • Mohamed Ben Yakhlef, conseiller municipal de Villeneuve Saint Georges (France)
  • Nour-eddine Saoudi, enseignant-chercheur, militant des droits humains (Maroc)
  • Pascal Lederer, directeur de recherche émérite au CNRS (France)
  • Patrick Farbiaz, réseau Sortir du colonialisme (France)
  • Najib Akesbi, économiste et enseignant chercheur (Maroc)
  • Mireille Fanon-Mendes-France, ex-experte ONU et membre de la Fondation Frantz Fanon
  • Jacques Gaillot, évêque de Partenia (France)
  • Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité (France)
  • Hassan Hadj Nassar, ancien exilé politique marocain (France)
  • Joseph Andras, écrivain (France)
  • Joseph Tual, grand reporter France Télévision (France)
  • Lucile Daumas, retraitée (Maroc)
  • Marguerite Rollinde, militante associative (France)
  • Said Salmi, journaliste (Maroc)
  • Hicham Mansouri, journaliste (France)
  • Abdeaziz Nouaydi, avocat (Maroc)
  • Edouard Kleinmann, retraité (France)
  • Mohamed Bazza, président du réseau IDD (France)
  • Abdeslam Sarie, pensionné, blogueur (Belgique)
  • Youssef Tahri, poète (zajel marocain) (France)
  • Marie-Claire Crouzillat, vivante (France)
  • Driss El Korchi, militant associatif (Belgique)
  • Ali Dabaj, militant des droits de l’Homme (France)
  • Boualam Azahoum, association Elghorba (France)
  • Jean-Paul Le Marec, membre du buraeu du MRAP (France)
  • Asmahan Elbatraoui, traductrice (Egypte)
  • Aline Pailler, journaliste, ex-députée européenne et présidente de la PSPSO
  • Mohamed Bhar, artiste-musicien (France)
  • Agnes Cluzel, ex membre des Comités de lutte contre la répression au Maroc (France)
  • Jean-Claude Amara, porte parole de Droits devant !! (France)
  • Youssef Haji, travailleur social (Maroc)
  • Azeddine Akesbi, professeur économiste (Maroc)
  • Rachid Khaless, écrivain (Maroc)
  • Driss Allouch poète, écrivain (Maroc)
  • Driss Chouika, cinéaste (Maroc)
  • Nezha Chami-Ouaddane, élue municipale (France)
  • Embarak Ouassat, poète, écrivain (Maroc)
  • Abdelmajid Baroudi, chercheur et acteur associatif (Maroc)
  • Mustapha Majdi, militant associatif (France)
  • Driss Ksikes, écrivain (Maroc)
  • Sietske de Boer, écrivain (Pays-Bas)
  • Abdou Berrada, militant des droits de l’Homme (Maroc)
  • Amina Boukhalkhal, coordinatrice du secteur Femmes de la Voie Démocratique (Maroc)
  • Mustapha Brahma, secrétaire national de la Voie Démocratique (Maroc)
  • Hamma Hammami, porte parole du Front Populaire de Tunisie (Tunisie)
  • Said Sougty, vice-président de l’ASDHOM (France)
  • Aicha El Basri, auteure, ancienne diplomate des Nations Unies (Maroc)
  • Serge Pey, écrivain (France)
  • Saidi Nordine, militant Décolonial, Bruxelles Panthères (Belgique)
  • Ibtissame Lachgar, militante des droits humains, co-fondatrice du M.A.L.I (Maroc)
  • Christophe Dauphin, écrivain, directeur de la revue Les Hommes sans épaules (France)
  • Richard Greeman, ancien professeur de Columbia University (USA)
  • Mohamed Nedali, écrivain d’expression française (Maroc)
  • Hamid Manie, ex membre des Comités de lutte contre la répression au Maroc (France)
  • Maryse-madeleine Ferrand, retraitée de l’éducation nationale (France)
  • Hamid Bouserhir, militant des droits humains (Belgique)
  • Houria Bouteldja, responsable du Parti des Indigènes de la République
  • Abdelghani Ghalfi, militant associatif et secrétaire général du syndicat Les Travailleurs du Taxi
  • Nadine Benzekri, enseignante, militante des droits humains (France)
  • Hamid Benzekri, retraité, militant des droits humains (France)
  • Mohammed Kchikech, enseignant (France)
  • Souad Chaouih, présidente de l’Association des Marocains en France-Fédération
  • Abdeslam Ghalbzouri, militant de l’immigration (France)
  • Ahmed Faouzi, militant syndical, CGT action sociale (France)
  • Amina Ibnou-Cheikh, directrice du journal le Monde Amazigh (Amadal Amazigh)
  • Youssef Mezzi, militant d’ATTAC (Maroc)
  • Abderrahim Afarki, bibliothécaire (France)
  • Claire Garrone, chef de chœur EVCG-Montpellier (France)
  • Ghani Niame, militant (France)
  • Rachid Raha, président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (France)
  • Hélène Jaffé, médecin à la retraite et fondatrice de l’AVRE (France)
  • Hakim Noury, acteur, scénariste et réalisateur (Maroc)
  • Samir Bensaid, citoyen (Maroc)
  • Ahmed Dahmani, défenseur des droits humains (France)
  • Hayat Berrada Bousta, défenseure des droits humains (France)
  • Pierre Peuch, militant associatif, retraité (France)
  • Rachid El Manouzi, militant des droits de l’Homme (France)
  • Brahim Ouchelh, militant des droits de l’Homme (France)
  • Kamel Labidi, journaliste (Tunisie)
  • Hnia Boufarachan, activiste sociale (Maroc)
  • Abderrahim Noureddine, militant associatif (France)
  • Jacob Cohen, écrivain franco-marocain (France)
  • Said El Amrani, activiste des droits humains et du Hirak (Belgique)
  • Mohamed Bentahar, militant associatif et consultant (France)
  • Najib Ouja, ingénieur (France)
  • Ahmed Lamihi, pédagogue et écrivain (Maroc)
  • Brigitte Delmert, défenseure des droits humains (Belgique)
  • Abderrahim Mhassni, défenseur des droits humains (Belgique)
  • Bachir Moutik, militant associatif (France)
  • Fouad Rhouma, anthropologue (Maroc)
  • Najib Ouarzazi, militant des droits de l’Homme (France)
  • Gustave Massiah, membre du Conseil international du Forum Social Mondial (France)
  • Arlette Bonnet, retraitée (France)
  • Véronique Valentino, responsable de l’actualité du quotidien l’Autre Quotidien
  • Nelcya Delanoë, historienne, écrivaine (France)
  • Jean Yves Delanoë, consultant (France)
  • Leila Chafai, journaliste et écrivaine (Maroc)
  • Saïd Bouamama, sociologue et militant du FUIQP (France)
  • Robert Kissous, président de l’association Rencontres Marx (France)
  • Ahmed Saadani, militant des droits humains (Maroc)
  • Mohamed Hamadi, écrivain, metteur en scène (Belgique)
  • Sophie Bessis, historienne (Tunisie-France)
  • Mohammed Nadrani, ancien disparu du groupe Bnouhachem (Maroc)

Portraits d’Abdellatif Laâbi

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