Manifeste de Madrid

Après les attentats du 11 mars 2004 à Madrid, une initiative appelée « Le Train de la vie et de l’amitié » a été prise par un certain nombre d’intellectuels, d’artistes et de journalistes pour manifester leur solidarité avec le peuple espagnol. La délégation marocaine est allée à Madrid en juillet 2004, à la rencontre des familles des victimes et des démocrates espagnols partenaires de l’initiative. A cette occasion, le texte suivant, signé par de nombreux intellectuels marocains et espagnols a été communiqué à l’opinion internationale :

Nous, citoyens marocains et espagnols signataires de cette déclaration, réunis autour de l’initiative « Le train de la vie et de l’amitié », adressons en priorité un message de fraternité aux familles des victimes des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca et du 11 mars 2004 à Madrid. Notre pensée va aussi aux rescapés qui souffrent encore dans leur chair et leur âme. Nous voulons qu’ils sachent tous que nous partageons leurs souffrances et sommes endeuillés par leur deuil. Face à cette tragédie, nous nous sentons unis dans le sentiment de l’horreur que nous inspire la barbarie du terrorisme. Quelles que soient nos croyances religieuses, nos convictions philosophiques, idéologiques ou politiques, nous sommes encore plus convaincus que la vie est ce qu’il y a de plus sacré en l’homme, et qu’elle est le bien le plus précieux de l’humanité. Rien, absolument rien ne justifie moralement d’y porter atteinte et de la mutiler. Le droit que certains s’octroient sur elle les met au ban de l’humanité. Nous tenons donc à réaffirmer ici solennellement notre attachement aux valeurs universelles qui nous sont communes : la liberté, la tolérance, la démocratie, la fraternité, le respect de la dignité humaine, le rejet intégral du fanatisme et de l’obscurantisme d’où qu’ils viennent. D’un autre côté, nous pensons que la terrible épreuve que nous venons de traverser devrait agir comme un puissant levier d’ouverture et de dialogue. L’heure est venue, des deux côtés du Détroit, de reconnaître sans complexe et en toute confiance la part commune, si essentielle, de notre culture et de notre histoire, de faire un atout déterminant de notre voisinage géographique et de nous atteler à un vaste projet de développement humain et démocratique qui puisse canaliser et mettre en harmonie le dynamisme, le génie et les aspirations de nos deux peuples à une société humaine plus juste et pacifiée.

Que nos mains se joignent. La caravane de la vie passera, car elle est la seule à emprunter résolument le chemin de l’espoir.