Même innocents
du sang de notre prochain
il nous arrive
de tuer
la vie en nous
Plusieurs fois
plutôt qu’une
Le voile
qui nous recouvre les yeux
et le cœur
Les barricades
que nous dressons
autour du corps suspect
La lame froide
que nous opposons au désir
Les mots
que nous achetons et vendons
au marché florissant du mensonge
Les visions
que nous étouffons dans le berceau
La sainte folie
que nous enfermons derrière les barreaux
La panique
que nous inspirent les hérésies
La surdité
élevée au rang d’art consommé
La religion
largement partagée
de l’indifférence
Bien des messagers
frapperont encore à notre porte
Y aura-t-il quelqu’un
dans la maison ?
Dites-moi
vers quel néant
coule le fleuve de la vie
C’est quand
la dernière fois
que vous vous y êtes baignés ?
(Éditions Al Manar, 2004)