L’arbre est féminin
au grand dam
de la langue française
Elle arbore ses seins nus
au grand dam des barbus
musulmans de la dernière heure
Elle est la source antique
protégée par les cierges
le scorpion
et le damier du destin
Le ciel en est ébloui
et les oiseaux préfèrent ses branches
aux replis mièvres de l’azur
L’Eden à ses pieds
dispense son eau de jouvence
aux baigneurs en conciliabule
De quoi peuvent-ils débattre
sinon de la douce folie
de la Créatrice ?
On ose à peine s’y mirer
Le reflet risque de brouiller
les noms de l’Eternel
et de son Messager
Pauvre artisan
probablement pieux
qui a amoureusement façonné
cette œuvre du diable
Un bout d’ivoire
échoué sur la table
Le sage-fou
s’appuie sur sa barbe
Il pose
devant les poèmes qui passent
(Éditions Al Manar, 2002)