Notre mission
Nous sommes une fondation basée au Maroc, indépendante de toute instance étatique ou organisation partisane. Nous inspirant des valeurs humanistes qui ont marqué pendant des décennies les œuvres de création, la pensée et l’action du poète et écrivain Abdellatif Laâbi, nous estimons que la culture est un levier essentiel de l’épanouissement de la personne et de la conscience citoyenne, du progrès de la société, de la construction démocratique et de l’ouverture sur l’universel.
La Fondation a pour objet de prendre part à la défense de la liberté de pensée et de création, de plaider en faveur du droit à l’éducation et à la culture pour tous, ainsi que de promouvoir le débat d’idées, le dialogue des cultures et des civilisations. De plaider, enfin, en faveur de la préservation de la mémoire culturelle marocaine du passé comme du présent.
Elle a été créée en mars 2015.
Projet de la Fondation LAABI pour la culture
« Parole du fondateur »
A cette saison de ma vie, la question de la transmission, qui a été l’une de mes préoccupations essentielles tout au long de mon parcours d’écrivain et d’intellectuel citoyen, se repose avec une acuité particulière. Elle concerne ce patrimoine d’idées à l’élaboration desquelles j’ai participé depuis les années soixante et dont les enjeux étaient les suivants : décoloniser les esprits, reconstruire notre identité en tenant compte de son pluralisme, faire accéder notre culture à la modernité et l’ouvrir sur l’universel, forger les valeurs de notre propre humanisme, convaincre de la place centrale que la culture, l’éducation et la recherche scientifique devraient occuper dans un projet démocratique digne de ce nom, défendre la liberté d’expression et d’opinion.
Aujourd’hui, je pense pouvoir affirmer que ce travail n’a pas été vain. Malgré les obstacles rencontrés, il a porté quelques fruits. Les idées nouvelles qu’il a introduites ont fait leur chemin dans les consciences. Elles ont permis qu’un débat nourri s’établisse sur les enjeux de la culture et que des pratiques intellectuelles et artistiques innovantes en tirent quelques bénéfices.
Cela dit, comme il en va de toute œuvre humaine, un tel patrimoine est exposé dans notre situation à l’oubli et à des vents contraires. Et tant que le choix du modèle démocratique n’est pas tranché chez nous en faveur de la modernité, des droits et libertés qu’exige une véritable citoyenneté, la dimension culturelle continuera à être à l’ordre du jour. Elle devra intégrer les bouleversements qui sont intervenus dans notre société comme dans le monde, les aspirations de nos nouvelles générations, et anticiper sur celles des générations à venir.
C’est là, n’hésitons pas à le dire, une tâche historique. D’elle dépendra la construction de la personnalité du citoyen qui sera le meilleur défenseur et l’artisan du projet démocratique répondant à nos aspirations. C’est donc par le développement et l’épanouissement de la culture, par une refonte totale de notre système d’enseignement et par le pari majeur sur l’humain que la Maison marocaine pourra consolider ses bases et s’édifier autrement, rendre le goût de l’avenir à ses habitants et libérer leurs potentialités créatrices.
Voilà pourquoi j’ai décidé, après mûre réflexion, de créer une Fondation pour la culture qui portera mon nom. Pour le temps que j’ai encore devant moi, et au-delà de cette contingence, il m’est apparu que c’était là le meilleur moyen de continuer à défendre les idées exposées plus haut, d’en assurer la transmission en passant le relais à celles et ceux qui seraient convaincus comme moi de leur pertinence et de leur validité.
Le travail de la Fondation comportera trois volets :
- le premier me concerne personnellement. Je souhaite qu’elle soit sur le plan moral et symbolique mon légataire universel. C’est à elle que je confierai la sauvegarde et la vivification de mon legs immatériel : mes œuvres de création et de réflexion, les valeurs éthiques et esthétiques qui les fondent ;
- le deuxième concernera la poursuite de l’engagement en faveur de la culture dans notre pays au niveau des idées, des propositions, mais aussi des initiatives et des nouvelles pratiques ;
- le troisième concernera l’inscription du rôle de la culture dans un projet sociétal et civilisationnel dont l’élaboration exige un renouvellement des connaissances, une régénération de la pensée, un choix assumé du débat d’idées.
Sur les plans juridique et moral, la Fondation sera une institution privée, régie par la législation en vigueur, indépendante de toute instance étatique ou organisation partisane.
Son financement sera assuré au départ par l’appel au mécénat, à des institutions ou fondations du privé et du secteur public au Maroc, à des institutions de coopération culturelle représentées au Maroc, ainsi qu’à des organisations internationales.
Pour assurer sa pérennité et son indépendance, la fondation créera des activités lucratives conformes à sa déontologie, lui permettant à terme de s’autofinancer.
Son intitulé sera « Fondation LAABI pour la culture ».